Le black-out signé Barbara Pompili

Chronique publiée dans Transitions & Energies N°7

C’est quasiment au détour d’une conversation que notre ministre de la transition écologique nous apprend que notre pays risque des coupures d’électricité cet hiver. Dans un exercice de contrition invraisemblable, Barbara Pompili affirme qu’en cas de grand froid, il pourrait y avoir des coupures d’électricité, mais qu’il n’y aurait pas de black-out, mais qu’un black-out serait quand même tout à fait possible… « On n’est pas en Union Soviétique ? » se demandent éberlués les journalistes. « On n’est pas en Union Soviétique (…) ne vous inquiétez pas » répond la ministre, toute guillerette. L’explication de cette dernière est toute trouvée : nous n’avons pas été capables de faire suffisamment d’économie d’énergie. Traduction : le message des écologistes n’a pas été assez entendu. Le chat de l'écologisme vient de retomber sur ses pattes…

Il faudrait rappeler à cette féline que la consommation d’électricité est stable dans notre pays depuis au moins 10 ans et que le risque de black-out est une nouveauté (au moins par son ampleur). Par conséquent, la robustesse du système de production électrique s’est manifestement dégradée récemment… Il ne faut pas s’y tromper, le but de son intervention est de nous avertir que les premiers effets de la politique de décroissance inspirée directement de l’idéologie écologiste sont sur le point de se faire sentir… Ceci explique sans doute qu’elle ait un air si enjouée… Il faut se souvenir que son père en politique est Yves Cochet (elle fut longtemps son assistante parlementaire), un des plus fameux militants de la « sobriété heureuse » qui attend aujourd’hui tranquillement l’effondrement de notre civilisation dans un coin reculé de Bretagne. Qu’il se rassure, son poulain et son armée de soldats y travaillent avec acharnement.

Il y a peu, avec la taxe carbone, les tenants de l’écologisme avaient déjà provoqué une jacquerie comme la France n’en avait pas connu depuis longtemps, révélant l’effet direct délétère du « souci pour la planète » sur les conditions de vie (et même de survie) d’une frange très importante de la population. Cet évènement sans précédent ne les a pas désarmés. Au nom du bien commun, ils ont remis en route le moulin à punitions. Ils ont continué à favoriser la production d’énergies renouvelables intermittentes et dans le même temps affaibli la filière nucléaire en fermant la centrale de Fessenheim. La plèbe n’a plus qu’à aligner les euros qui lui restent pour payer une électricité dont le prix s’envole progressivement et les usines pourvoyeuses d’emplois n’ont plus qu’à ralentir ou couper brutalement leur production pour soulager un réseau au bord de la rupture.

Rien ne semble pouvoir contrarier le plan d’attaque de cette écologie et le calendrier qu’elle s’est fixée pour sauver le monde, pas même la perspective de ce qui pourrait être l’une des pires crises économiques depuis la guerre. Adoubée par ses pairs, en plein cœur de cette période d’angoisse et d’incertitude liée à la Covid, la sobre et bienheureuse Barbara introduit un malus sur le poids des véhicules, annonce l’interdiction du chauffage au gaz pour les logements neufs et, cerise sur un gâteau déjà nappé du principe de précaution, proclame fièrement l’introduction dans le droit d’un « délit d’écocide ». Punir, encore punir pour toujours freiner, renchérir, ralentir les processus économiques dans un contexte où la concurrence internationale est plus féroce que jamais et alors même que la France est une des élèves les plus appliquée en termes de protection de l’environnement et possède une des économies les plus décarbonées du monde…

Barbara Pompili, par son assurance sans faille incarne à merveille cette écologie qui chaque matin se mire dans la glace pour regonfler ses certitudes: « miroir, mon beau miroir, dis-moi que je suis la plus belle ». Elle est la Reine détestant Blanche Neige, la bienfaitrice venue ranger, dépoussiérer, nettoyer la modeste chaumière des sept nains tout comme le progrès, l’énergie abondante et bon marché sont venus égayer le quotidien de tout un chacun. Elle veut le bien de la Terre et de l’humanité et pourchasse inlassablement la bienfaitrice des modestes mineurs travaillant dans son voisinage. Elle a prédit une décroissance induite par la raréfaction des ressources, elle a prévu l’effondrement du monde. Et si le chaos ne venait pas ? Assurément, elle ferait tout pour le faire advenir. Comme toujours, elle veut avoir raison, pour comme toujours, retomber sur ses pattes.