Le désespoir du chroniqueur

Le chroniqueur a le beau rôle. Quand d’autres sont dans l’action, il est dans le commentaire. Pourtant, il connaît lui-aussi l’inconfort lorsque l’actualité qui nourrit ses analyses le met dans l’embarras... Me voici ainsi fort marri. J’aimerais vous éclairer de mes lumières, mais je ne peux que vous offrir mon incompréhension.

Emmanuel Macron a occupé divers postes éminents dans le gouvernement qui a décidé de réduire la part du nucléaire à 50% du bouquet électrique français et qui a annoncé la fermeture de la fameuse Centrale de Fessenheim. Son patron de l’époque, François Hollande, avait eu la « bonne idée » de s’allier avec Europe Écologie les Verts. Ce parti a ainsi obtenu la « peau » de la centrale Alsacienne alors même que l’Autorité de Sureté Nucléaire avait donné son feu vert pour l’exploiter pendant encore plusieurs années.

Pour certains, tout est parfaitement clair : la filière d’excellence française qui produit une électricité abondante et bon marché a été sacrifiée pour un plat de lentilles électoral… Je ne parviens pourtant pas à expliquer que des usines de production électrique performantes et considérées comme sûres aient été, pour des raisons aussi discutables, mises au rebus. A la rigueur, je comprends la promesse, mais au vu du contexte de fragilité du réseau européen d’électricité, le fait qu’elle ait été tenue me dépasse… Trahir un parti d’extrême gauche pour l’intérêt supérieur de la Nation est pourtant bien à la portée d’un homme d’État et, même, de deux hommes d’État successifs ! Qui obligeait Emmanuel Macron en effet, ayant pris le flambeau de François Hollande, à poursuivre le funeste projet anti-nucléaire ? À tout moment, la fermeture de la Centrale aurait pu être arrêtée, mais, à la tête du Ministère de l’Écologie ont été nommés successivement les plus zélés des liquidateurs : Hulot, de Rugy, Pompili…

Ces « écologistes » agissent, quoi qu’il en coûte, contre l’intérêt de leur pays. Regardez l’ancienne ministre de François Hollande, Cécile Duflot, celle qui obtint le scalp de Fessenheim ou Nicolas Hulot qui s’occupa du service après-vente en tant que ministre d’État d’Emmanuel Macron. Une fois en dehors du gouvernement, l’une comme directrice d’Oxfam France et l’autre comme Président d’honneur de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme ont fait condamner l’État pour « inaction climatique », dans le cadre de la tristement célèbre « affaire du siècle ». A l’intérieur, ils instillent un poison mortel et sapent la cohérence de la politique énergétique de la France et à l’extérieur ils tirent sur l’ambulance pour achever le malade.

Pour certains commentateurs, tout est encore parfaitement clair : les Verts poursuivent leur rêve de décroissance de l’économie. Pour ma part, je reste ébahi : d’une part, comment a-t-on pu les installer au cœur du pouvoir et d’autre part les laisser user et abuser des contre-pouvoirs ? Comment est-il possible que d’anciens ministres puissent rejoindre aussi facilement des ONG dont le rôle premier est de supplicier l’État ? Comment est-il possible que ces organisations puissent ester en justice, que des juges puissent leur donner raison et qu’un État souverain puisse accepter la sentence sans broncher ? 

Les mots de l’ancien testament « Malheur au pays dont le Roi est un enfant » ou ceux de Cicéron, « plus l’effondrement d’un empire est proche, plus ses lois sont folles » ne sont même plus de nature à apaiser mon esprit. Ils s’agitent dans ma tête comme les billes dans un flipper. J’ai les jambes qui vacillent. Notre président, lui, se tient droit comme un i. Il a une annonce à faire… Après cette longue croisade contre l’atome, après avoir planifié la destruction de la filière nucléaire, après avoir fermé des réacteurs en parfait état de marche, il décide, toujours flanqué d’une ministre « verte », de relancer la construction de réacteurs nucléaires…

 Au Royaume des fous, les chroniqueurs ont la migraine.